[n° ou bulletin] est un bulletin de / Clarisse BardiotTitre : | 1041802 - octobre 2009 - Acteur / Machine | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Denis Marleau, Auteur ; Christophe Huysman, Auteur | Note générale : | Clarisse Bardiot-Le terme « robot » est apparu pour la première fois dans une pièce de théâtre. Inventé par le dramaturge Karel apek en 1921 pour sa pièce R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), ce néologisme s’inspirait du mot tchèque robota, « travail, cor- vée ». La pièce, traduite en anglais en 1923, est une critique de la substitution de l’homme par la machine dans le travail. Elle développe le thème (qui deviendra récurrent) de la révolte des robots et de l’extermination du genre humain.
Des robots amicaux des dessins animés, en passant par les réalisations ciné- matographiques passées et actuelles, les machines n’ont de cesse de traverser l’imaginaire collectif. De l’angoisse à l’humour débridé, toute une panoplie de sentiments s’entrecroise dès l’évocation de ces machines, qui de plus en plus s’hybrident, s’humanisent et viennent questionner notre rapport au corps.
Dans un texte fondamental pour l’histoire de la robotique, The Uncanny Valley (1970), le roboticien japonais Masahiro Mori décrit le paradoxe suivant : plus une créature arti cielle nous ressemble, plus le sentiment à son encontre est positif ; pourtant, lorsque cette créature peut quasiment être confondue avec un être humain, l’empathie est remplacée par un sentiment d’angoisse. Dès que nous cheminons sur les pentes de la «vallée de l’inquiétante étrangeté», expression empruntée à Freud, la frayeur s’immisce : alors qu’une créature se fait passer pour un être humain, un comportement anormal, un signe à peine visible nous fait comprendre qu’elle est en fait d’un autre bois. Ce qui est pointé dès les années 70 est toujours d’actualité.
Suite au dernier dossier spécial consacré au bio-art, et aux problématiques que les biotechnologies engagent sur la dé nition du « vivant », nous souhaitions prolonger cette ré exion et plonger au cœur des relations entre l’acteur et les machines. Machines diverses, protéiformes, au pluriel donc, robots compris... Ayant souvent en arrière plan les gures de la marionnette et de l’automate, acteur et machines, loin de s’opposer, proposent aujourd’hui de nouvelles hy- bridations et contaminations possibles.
En écho à ce dossier spécial, la Carte blanche a été con ée à Denis Marleau et à Stéphanie Jasmin. A partir des archives et des photographies des répétitions de Une Fête pour Boris, ils reviennent sur le processus de création des automates. Par ailleurs, la rubrique Le point sur... évoque l’apparition d’une nouvelle fa- mille d’ordinateurs, largement traversée par les questions liées à la robotique. Dans une perspective quasi inversée, le portfolio consacré aux polaroids de Christophe Huysman explore le corps au plus près de ses blessures, de sa chair bouleversée.
Je souhaite remercier tous les artistes qui ont contribué à ce numéro pour la con ance qu’ils nous ont accordée et pour les nombreux documents inédits qu’ils nous ont transmis. | Langues : | Français (fre) |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Clarisse Bardiot1041802 - octobre 2009 - Acteur / Machine [texte imprimé] / Denis Marleau, Auteur ; Christophe Huysman, Auteur. Clarisse Bardiot-Le terme « robot » est apparu pour la première fois dans une pièce de théâtre. Inventé par le dramaturge Karel apek en 1921 pour sa pièce R.U.R. (Rossum’s Universal Robots), ce néologisme s’inspirait du mot tchèque robota, « travail, cor- vée ». La pièce, traduite en anglais en 1923, est une critique de la substitution de l’homme par la machine dans le travail. Elle développe le thème (qui deviendra récurrent) de la révolte des robots et de l’extermination du genre humain.
Des robots amicaux des dessins animés, en passant par les réalisations ciné- matographiques passées et actuelles, les machines n’ont de cesse de traverser l’imaginaire collectif. De l’angoisse à l’humour débridé, toute une panoplie de sentiments s’entrecroise dès l’évocation de ces machines, qui de plus en plus s’hybrident, s’humanisent et viennent questionner notre rapport au corps.
Dans un texte fondamental pour l’histoire de la robotique, The Uncanny Valley (1970), le roboticien japonais Masahiro Mori décrit le paradoxe suivant : plus une créature arti cielle nous ressemble, plus le sentiment à son encontre est positif ; pourtant, lorsque cette créature peut quasiment être confondue avec un être humain, l’empathie est remplacée par un sentiment d’angoisse. Dès que nous cheminons sur les pentes de la «vallée de l’inquiétante étrangeté», expression empruntée à Freud, la frayeur s’immisce : alors qu’une créature se fait passer pour un être humain, un comportement anormal, un signe à peine visible nous fait comprendre qu’elle est en fait d’un autre bois. Ce qui est pointé dès les années 70 est toujours d’actualité.
Suite au dernier dossier spécial consacré au bio-art, et aux problématiques que les biotechnologies engagent sur la dé nition du « vivant », nous souhaitions prolonger cette ré exion et plonger au cœur des relations entre l’acteur et les machines. Machines diverses, protéiformes, au pluriel donc, robots compris... Ayant souvent en arrière plan les gures de la marionnette et de l’automate, acteur et machines, loin de s’opposer, proposent aujourd’hui de nouvelles hy- bridations et contaminations possibles.
En écho à ce dossier spécial, la Carte blanche a été con ée à Denis Marleau et à Stéphanie Jasmin. A partir des archives et des photographies des répétitions de Une Fête pour Boris, ils reviennent sur le processus de création des automates. Par ailleurs, la rubrique Le point sur... évoque l’apparition d’une nouvelle fa- mille d’ordinateurs, largement traversée par les questions liées à la robotique. Dans une perspective quasi inversée, le portfolio consacré aux polaroids de Christophe Huysman explore le corps au plus près de ses blessures, de sa chair bouleversée.
Je souhaite remercier tous les artistes qui ont contribué à ce numéro pour la con ance qu’ils nous ont accordée et pour les nombreux documents inédits qu’ils nous ont transmis. Langues : Français ( fre) |