Titre : | De la musique avant toute chose : préface de Régis Debray | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Michel Tabachnik, Auteur | Editeur : | Paris : Buchet/Chastel | Année de publication : | 2008 | Importance : | 1 vol. (506 p.) | Format : | 21 cm | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-283-02341-9 | Note générale : | Avec De la musique avant toute chose, Michel Tabachnik propose au lecteur son «concert idéal». Il se compose d'oeuvres de Richard Strauss, Bêla Bartok, Igor Stravinsky, Xenakis et Boulez. Des deux derniers, il met en lumière le sens de leur recherche musicale. Il raconte aussi comment il s'est retrouvé proche d'un monstre sacré, Karajan, dont il souligne l'engagement exemplaire dans son art. Mais ce livre est plus qu'un album de souvenirs. Tabachnik cherche à répondre à «l'appel de l'être», inspiré par Kandinsky. Sur cette quête, il s'interroge, après des années de silence forcé.
La «lettre à Michel» que lui adresse Régis Debray, en guise de préface, nous place dans la position d'un «ignare de bonne volonté». Elle ouvre un dialogue que Tabachnik ne demande qu'à partager. Elle contribue à faire de cet ouvrage une introduction vivante à la musique contemporaine.
Après ses études musicales à Genève, Tabachnik devint un protégé d'Igor Markevitch, de Karajan et surtout de Boulez, dont il fut l'assistant. C'est à lui que celui-ci confiera la création de l'Ensemble. InterContemporain à Paris.
Il a dirigé les orchestres les plus prestigieux, tels le Berliner Philarmoniker, l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre de Paris, celui de la NHK à Tokyo... Il est actuellement directeur artistique du Brussels Philharmonie. | Langues : | Français (fre) | Catégories : | Analyse musicale Bartók, Béla (1881-1945) Boulez, Pierre (1925-2016) Oeuvres Strauss, Richard (1864-1949) Stravinsky, Igor (1882-1971) Xenakis, Iannis (1922-2001)
| Note de contenu : | Extrait
Lettre à Michel
Merci, cher Maestro. Ta musique, avant toute chose, m'a troublé. Elle ouvre maintes perspectives à l'ignare de bonne volonté qui te lit, en le forçant du même coup à préciser ses idées vagues (et je ne serai pas le seul dans ce cas). Dans ton cheminement à la fois professionnel, existentiel et spirituel, je retrouve ton ingénuité savante et la façon que tu as de raccorder les percées contemporaines aux archaïsmes immémoriaux qui titillent encore en douce «l'art de combiner les sons d'après des règles». Il y a vingt-cinq siècles d'ici, l'Athénien en attendait la clé du tout cosmique, puisque l'univers alors chantait et que les astres, pour Platon, exécutaient le plus magnifique des choeurs. Je comprends mieux l'amitié fraternelle qui t'unissait à Xenakis, digne héritier de ce rationalisme mystique. Si la gnose donne à un art valeur de connaissance et à une connaissance valeur de salut, je verrais volontiers en cet adepte de la «métamusique», dont tu restes proche, un gnostique postmoderne, l'ultime rejeton d'Hermès Trismégiste. Science des rapports et branche des madiématiques, la musique dans l'Antiquité relevait d'un hermétisme pleinement intelligible, voire intellectualiste. Elle remontait aux dieux, ouvrait à l'ordre des choses d'avant Babel, débusquait l'architecture occulte de l'univers, qui, elle aussi numérisable, s'exprime par des régularités vibratoires. Xenakis pensait que «la physique gouvernait sa musique». Je suis à mille lieues de ces spéculations cosmologiques, le «nombre d'or» et le «Modulor» ne m'enivrent pas, et néanmoins ta confession me saute au visage parce que, au-delà d'un parcours de vie, elle pose une question capitale au médiologue que je suis. D'où vient l'écart grandissant entre, d'une part, l'usinage industriel de nos fonds sonores via le disque, la radio et maintenant Internet et, de l'autre, l'élaboration de plus en plus savante et appareillée d'«actions sonores» extraterrestres, pour toi tout bonnement humaines, mais pour la plupart des oreilles quasiment inhumaines (aux intitulés de surcroît intimidants, voire terrifiants, comme Terretektorh, Structures, Polytope, Figures-Doubles-Prismes, etc.).
Revue de presse
Tabachnik va défendre la musique atonale née au début du xxe siècle et les avant-gardes qui s'en sont réclamées. Il aime leur «abstraction» et réussit à se convaincre de la «nécessité» de ces partitions allant «au-delà de la perception». Mais il s'interroge aussi sur le désamour persistant des mélomanes pour ce répertoire...
Que va-t-il rester de la musique composée après les Quatre Derniers Lieder de Richard Strauss, ce chef-d'oeuvre crépusculaire créé en 1950 ? (Bertrand Dermoncourt - L'Express du 18 décembre 2008 ) |
De la musique avant toute chose : préface de Régis Debray [texte imprimé] / Michel Tabachnik, Auteur . - Paris : Buchet/Chastel, 2008 . - 1 vol. (506 p.) ; 21 cm. ISBN : 978-2-283-02341-9 Avec De la musique avant toute chose, Michel Tabachnik propose au lecteur son «concert idéal». Il se compose d'oeuvres de Richard Strauss, Bêla Bartok, Igor Stravinsky, Xenakis et Boulez. Des deux derniers, il met en lumière le sens de leur recherche musicale. Il raconte aussi comment il s'est retrouvé proche d'un monstre sacré, Karajan, dont il souligne l'engagement exemplaire dans son art. Mais ce livre est plus qu'un album de souvenirs. Tabachnik cherche à répondre à «l'appel de l'être», inspiré par Kandinsky. Sur cette quête, il s'interroge, après des années de silence forcé.
La «lettre à Michel» que lui adresse Régis Debray, en guise de préface, nous place dans la position d'un «ignare de bonne volonté». Elle ouvre un dialogue que Tabachnik ne demande qu'à partager. Elle contribue à faire de cet ouvrage une introduction vivante à la musique contemporaine.
Après ses études musicales à Genève, Tabachnik devint un protégé d'Igor Markevitch, de Karajan et surtout de Boulez, dont il fut l'assistant. C'est à lui que celui-ci confiera la création de l'Ensemble. InterContemporain à Paris.
Il a dirigé les orchestres les plus prestigieux, tels le Berliner Philarmoniker, l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, l'Orchestre de Paris, celui de la NHK à Tokyo... Il est actuellement directeur artistique du Brussels Philharmonie. Langues : Français ( fre) Catégories : | Analyse musicale Bartók, Béla (1881-1945) Boulez, Pierre (1925-2016) Oeuvres Strauss, Richard (1864-1949) Stravinsky, Igor (1882-1971) Xenakis, Iannis (1922-2001)
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Lettre à Michel
Merci, cher Maestro. Ta musique, avant toute chose, m'a troublé. Elle ouvre maintes perspectives à l'ignare de bonne volonté qui te lit, en le forçant du même coup à préciser ses idées vagues (et je ne serai pas le seul dans ce cas). Dans ton cheminement à la fois professionnel, existentiel et spirituel, je retrouve ton ingénuité savante et la façon que tu as de raccorder les percées contemporaines aux archaïsmes immémoriaux qui titillent encore en douce «l'art de combiner les sons d'après des règles». Il y a vingt-cinq siècles d'ici, l'Athénien en attendait la clé du tout cosmique, puisque l'univers alors chantait et que les astres, pour Platon, exécutaient le plus magnifique des choeurs. Je comprends mieux l'amitié fraternelle qui t'unissait à Xenakis, digne héritier de ce rationalisme mystique. Si la gnose donne à un art valeur de connaissance et à une connaissance valeur de salut, je verrais volontiers en cet adepte de la «métamusique», dont tu restes proche, un gnostique postmoderne, l'ultime rejeton d'Hermès Trismégiste. Science des rapports et branche des madiématiques, la musique dans l'Antiquité relevait d'un hermétisme pleinement intelligible, voire intellectualiste. Elle remontait aux dieux, ouvrait à l'ordre des choses d'avant Babel, débusquait l'architecture occulte de l'univers, qui, elle aussi numérisable, s'exprime par des régularités vibratoires. Xenakis pensait que «la physique gouvernait sa musique». Je suis à mille lieues de ces spéculations cosmologiques, le «nombre d'or» et le «Modulor» ne m'enivrent pas, et néanmoins ta confession me saute au visage parce que, au-delà d'un parcours de vie, elle pose une question capitale au médiologue que je suis. D'où vient l'écart grandissant entre, d'une part, l'usinage industriel de nos fonds sonores via le disque, la radio et maintenant Internet et, de l'autre, l'élaboration de plus en plus savante et appareillée d'«actions sonores» extraterrestres, pour toi tout bonnement humaines, mais pour la plupart des oreilles quasiment inhumaines (aux intitulés de surcroît intimidants, voire terrifiants, comme Terretektorh, Structures, Polytope, Figures-Doubles-Prismes, etc.).
Revue de presse
Tabachnik va défendre la musique atonale née au début du xxe siècle et les avant-gardes qui s'en sont réclamées. Il aime leur «abstraction» et réussit à se convaincre de la «nécessité» de ces partitions allant «au-delà de la perception». Mais il s'interroge aussi sur le désamour persistant des mélomanes pour ce répertoire...
Que va-t-il rester de la musique composée après les Quatre Derniers Lieder de Richard Strauss, ce chef-d'oeuvre crépusculaire créé en 1950 ? (Bertrand Dermoncourt - L'Express du 18 décembre 2008 ) |
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