Titre : | Beckett : corps à corps | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | Marie Depussé ((1935-2017)), Auteur | Editeur : | Paris : Hermann | Année de publication : | 2007 | Importance : | 140p | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-7056-6704-7 | Langues : | Français (fre) | Résumé : | Beckett regrettait qu'on ne porte pas à son oeuvre l'attention microscopique qu'on portait en général à sa vie. Marie Depussé comble, avec le présent ouvrage, cette lacune : prendre Beckett au pied de la lettre et proposer une lecture inédite de son oeuvre dans un exercice qu'elle appelle corps à corps. Quelque chose ici presque se retourne. C'est la vie, la vie de tous les 'personnages-lettres' de Beckett, selon l'expression de Marie Depussé, qui soudain nous requiert, et anime de leur étrange lumière celle de Samuel Beckkett. Un corps à corps, qui ne posséderait pas la même tonalité si elle n'avait pas connu Samuel Beckett. Marie Depussé réussit ainsi à nous présenter un Beckett vivant qui continue à nous interpeller avec une étonnante proximité.
Extrait:
"'C' étaient les choses qui me faisaient pleurer.' Un homme regarde, dans Premier amour, le manchon d'une jeune femme assise sur son banc. 'Quand je regardais le manchon, je me rappelle, les larmes me vinrent aux yeux. Pourtant, je ne sentais pas de chagrin.' Inutile de rêver aux liens entre une chair de femme et une fourrure. 'Mais peut-être n'était pas ce manchon, peut-être le sentier.' Les choses n'ont pas de mots. Elles voisinent, dans le pays des choses, de façon si tranquille qu'on peut pleurer de l'une à l'autre, à l'infini. Mahood, dans L' Innommable, enfoncé dans sa jarre, entre l'abattoir et le restaurant, sent couler ses larmes seulement quand la patronne du restaurant, qui lui a coincé le cou dans un collier de fer pour qu'il ne puisse pas échapper au regard des passants, étend sur lui une bâche, s'il pleut fort. Compassion exclue. Sans doute protège-t-elle son bien, qui attire les clients, et dont les excréments profitent à ses salades. Mahood laisse couler ses larmes au contact de la bâche. Il n'y a jamais de larmes, chez Beckett, en réponse aux mots d'insultes, ou de compassion, des humains."
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Beckett : corps à corps [texte imprimé] / Marie Depussé ((1935-2017)), Auteur . - Paris : Hermann, 2007 . - 140p. ISBN : 978-2-7056-6704-7 Langues : Français ( fre) Résumé : | Beckett regrettait qu'on ne porte pas à son oeuvre l'attention microscopique qu'on portait en général à sa vie. Marie Depussé comble, avec le présent ouvrage, cette lacune : prendre Beckett au pied de la lettre et proposer une lecture inédite de son oeuvre dans un exercice qu'elle appelle corps à corps. Quelque chose ici presque se retourne. C'est la vie, la vie de tous les 'personnages-lettres' de Beckett, selon l'expression de Marie Depussé, qui soudain nous requiert, et anime de leur étrange lumière celle de Samuel Beckkett. Un corps à corps, qui ne posséderait pas la même tonalité si elle n'avait pas connu Samuel Beckett. Marie Depussé réussit ainsi à nous présenter un Beckett vivant qui continue à nous interpeller avec une étonnante proximité.
Extrait:
"'C' étaient les choses qui me faisaient pleurer.' Un homme regarde, dans Premier amour, le manchon d'une jeune femme assise sur son banc. 'Quand je regardais le manchon, je me rappelle, les larmes me vinrent aux yeux. Pourtant, je ne sentais pas de chagrin.' Inutile de rêver aux liens entre une chair de femme et une fourrure. 'Mais peut-être n'était pas ce manchon, peut-être le sentier.' Les choses n'ont pas de mots. Elles voisinent, dans le pays des choses, de façon si tranquille qu'on peut pleurer de l'une à l'autre, à l'infini. Mahood, dans L' Innommable, enfoncé dans sa jarre, entre l'abattoir et le restaurant, sent couler ses larmes seulement quand la patronne du restaurant, qui lui a coincé le cou dans un collier de fer pour qu'il ne puisse pas échapper au regard des passants, étend sur lui une bâche, s'il pleut fort. Compassion exclue. Sans doute protège-t-elle son bien, qui attire les clients, et dont les excréments profitent à ses salades. Mahood laisse couler ses larmes au contact de la bâche. Il n'y a jamais de larmes, chez Beckett, en réponse aux mots d'insultes, ou de compassion, des humains."
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